A propos
(Article paru dans Le Républicain n°3435, du 25 juillet 2013)
Claude Parguel collectionne les cannes depuis près d’une dizaine d’années. On peut d’ailleurs voir une partie de sa collection dans une galerie uzétienne.
Une canne, dans l’imagerie populaire, sert surtout d’appui pour marcher, quand on souffre d’une blessure ou que le poids des ans devient trop lourd à porter. Pourtant, il fut un temps pas si lointain où la canne était un indispensable dans la garde-robe.
« Dans les années 1930, la canne fait partie des accessoires d’une tenue, comme le chapeau, les gants… et que ce soit pour les hommes ou pour les femmes. La canne était alors un véritable objet de distinction sociale », explique Claude Parguel.
C’est avec une canne de franc-maçon, dite aussi canne à secrets, qu’il démarre sa collection il y a sept ou huit ans. Et, depuis, la passion pour ces objets méconnus ne l’a plus quitté. Objets rares, mais aussi précieux par leur témoignage toujours vivace d’une époque révolue. « Tout le monde peut avoir une canne, cela ne coûte pas cher. Ce qui change, c’est le nombre de cannes, la profession qui s’y rattache, les matières utilisées. Les cannes de capitaine de navire étaient ainsi en dents de requins avec une dent de cachalot sculptée sur la tête ».
Claude Parguel connaît aussi la valeur historique des cannes. Ainsi, jusqu’en 1918, on donnait une canne en verre aux conscrits. Ils la cassaient en revenant de la guerre. « Si elle restait intacte, cela voulait malheureusement dire qu’ils avaient été tués », explique-t-il avec une pointe d’émotion dans la voix.
Plus que les cannes, ce sont les cannes à système qui ravissent Claude Parguel. Il dispose de 1 700 modèles dans sa collection, « et je suis loin de tout avoir puisqu’il y a pas moins de 6 000 brevets déposés rien qu’en France. À mon avis, cela signifie qu’il y en a au moins cinq fois plus au niveau mondial ».
Canne à système vous interrogerez-vous ? Il s’agit d’une canne qui recèle un mécanisme particulier et qui peut devenir un support pour une autre activité.
« Il y a les cannes de défense avec dissimulé dans le manche une épée, une matraque, voire même un fusil. Les cannes à jet ont aussi eu un vif succès. Sous des dehors érotiques, elles pouvaient lancer un jet de liquide sur une personne. C’était souvent de l’eau, pour un jeu. Mais certains la remplaçaient par du vitriol, qui défigurait. D’autres, dites redoutables et diabolique, dissimule un système de pointes qui se redressent pour transpercer la peau d’un éventuel agresseur ».
Les cannes à système peuvent aussi cacher des instruments de musique. Facile pour une flûte ou un pipeau me direz-vous, mais Claude Parguel en connaît une qui dissimule un violon ! Chaque profession peut avoir sa canne : chirurgien, dentiste, aquarelliste, scribe, jardinier… Mais la canne peut aussi devenir un objet ludique : bilboquet, vaporisateur, boussole, longue-vue…
« J’ai en exposition une canne qui est un peu l’ancêtre du caddie pour faire les courses. Montée sur deux roulettes, elle a des crochets de part et d’autre du manche, pour y suspendre des sacs de provision ».
Pour partager sa passion avec le public, Claude Parguel a dédié un espace entier de la galerie qu’il possède à sa collection de cannes. Le public peut ainsi les admirer à loisirs et même, s’il a de la chance, s’entretenir avec le maître des lieux… ou des cannes.
Pour les admirer, sur rendez-vous dans ma galerie privée à Uzès (30).